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« Cristeros », de Léon Degrelle : aux origines de Tintin

Les premiers articles de Léon Degrelle sur la persécution des Cristeros publiés dans le quotidien Le XXe Siècle.

 

 

Cristeros.jpegA l’occasion du quatre-vingt-dixième (ou nonantième : Tintin est quand même né Belge !) anniversaire du héros des jeunes de 7 à 77 ans, né le 10 janvier 1929 pour se battre contre les communistes, nous vous avons présenté le nouvel ouvrage publié par les éditions de l’Homme Libre, Cristeros, reprenant tous les articles de presse de Léon Degrelle concernant la révolte des catholiques mexicains contre leur gouvernement persécuteur (voir ce blog au 10 janvier 2019).

 

C’est qu’en effet, l’année 1928 et sa myriade d’événements degrelliens furent déterminants dans la gestation du nouveau héros proposé à la jeunesse, Tintin, parti affronter les Soviets, le 10 janvier 1929.

 

Un an précisément auparavant, le 12 janvier 1928, le jeune étudiant Léon Degrelle, à la tête de ses camarades de l’Université de Louvain, se signalait au monde politique et médiatique belge en saccageant à coups de canne le buste monumental de Lénine et les vitrines d’une exposition bolchevique en plein centre de Bruxelles.

 

Avant-Garde 15_10_1928.JPG

 

L’abbé Norbert Wallez, rédacteur en chef du XXe Siècle, fut le seul à féliciter chaleureusement les iconoclastes antimarxistes. Mieux même, il engagea Léon Degrelle dans son équipe de journalistes où il retrouvera son ami Georges Remi, alias Hergé : ils s’étaient connus à l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB).

 

La première série d’articles de Léon Degrelle concernera les « Soviets » mexicains qui persécutaient les catholiques mourant au cri de « Vive le Christ-Roi ! » : ce sont ces articles célébrant les martyrs du malheureux Mexique, luttant sans concession pour leur foi, la liberté spirituelle et la justice sociale qui forgeront le caractère et détermineront le sens moral de Tintin.

 

Hergé le confirmera lui-même dans une interview à La Libre Belgique de 1975, où il unifie le voyage au Mexique de Léon Degrelle de fin 1929 et les articles d’octobre 1928 : « J’ai découvert la bande dessinée grâce à… Léon Degrelle ! »

 

C’est assez dire l’importance des articles de Léon Degrelle défendant les Cristeros dans la genèse de Tintin. Dont ceux publiés dans L’Avant-Garde, le fameux journal estudiantin que Léon Degrelle publiait à l’Université de Louvain : c’est l’article Catholiques Mexicains, répondez avec des balles ! qui suscitera un tel émoi dans la presse belge que le student louvaniste fut mis au défi de se rendre au Mexique pour un voyage de tous les dangers. En résulteront les dix-neuf reportages publiés dans Le XXe Siècle sur l’héroïsme des Cristeros, la barbarie des Soviets mexicains, le cynique impérialisme des américains…

 

Si le Tintin des Soviets s’était inspiré du physique du Léon Degrelle du saccage de l’exposition bolchevique, mais aussi de son audace, de sa témérité, de sa débrouillardise et de son humour, le Tintin de toutes ses autres aventures picaresques portera définitivement l’empreinte de sa générosité et de son profond sens social, de sa fidélité en amitié allant jusqu’au don de soi, de son élévation spirituelle et de son esprit critique, révélés par ses flamboyants articles sur les Cristeros, marquant ses débuts dans le journalisme de combat !

 

Malheureusement, un accident malencontreux et inexplicable prive le livre Cristeros des éditions de l’Homme libre de son premier chapitre contenant justement les tout premiers articles de Léon Degrelle sur la tragédie mexicaine publiés dans Le XXe Siècle.

 

Il s’agit des articles Les fureurs antireligieuses au Mexique : où sont les chevaliers de la justice ? (26 octobre 1928), Comment on assassine au temps de Locarno (27 octobre 1928), Comment on meurt pour le Christ-Roi (28 octobre 1928, La Persécution mexicaine. Pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ? (16 novembre 1928) et Quand les catholiques s’en mêlent (27 janvier 1929).

 

XXe Siècle 1928 10 26.jpg

Ignorant si l’éditeur aura la possibilité de prendre une initiative pour remédier à cette absence regrettable, nous nous faisons un devoir de mettre à la disposition de tous ceux qu’intéressent les véritables origines de Tintin ce premier chapitre accidenté.

 

Tel quel cependant, ce Cristeros se révèle une indispensable référence bibliographique qu’aucun tintinophile non plus qu’aucun degrellien ne pourra ni ne voudra ignorer !

 

 

Léon Degrelle, Cristeros.

Editions de l’Homme Libre, 328 pages, publication de luxe numérotée de 1 à 1000 (couverture rigide, papier glacé 15x21 cm, avec tranchefile et ruban marque-page, nombreuses illustrations). 25 euros. Disponible sur le site editions-hommelibre.fr

 

                                                                 ***

 

 

Le XXe Siècle, 26 octobre 1928.

 

Les fureurs antireligieuses au Mexique

Où sont les chevaliers de la justice ?

 

Est-il plus vaste comédie que la défense des opprimés par les gens de gauche ?

Mardi dernier, le « Peuple » vitupérait contre le Fascisme, coupable d’avoir envoyé au poteau un assassin qui s’était payé le luxe de descendre en pleine rue deux paisibles passants dont le seul crime était d’appartenir au « Fascio ». Il n’était pas de termes assez larmoyants pour dépeindre l’infortune de ce meurtrier.

L’an passé, la Presse fit couler des fleuves d’encre et de larmes en l’honneur de Sacco et Vanzetti. Je vois encore, le lendemain de l’exécution, d’innombrables camelots dévaler les boulevards de Paris, lançant à des milliers de mains avides les éditions spéciales des quotidiens français. Pour ces deux condamnés, on avait ramassé des centaines de milliers de dollars, on avait surexcité les masses sur tous les points du globe, on avait provoqué des bagarres très graves, entraînant mort d’hommes.

Quand il s’agit d’exploiter certaines causes, on sait faire un étourdissant tapage : un anarchiste, un communiste qui va périr, est sûr de la sympathie du monde entier, même si ses mains sont tachées du sang des autres.

Mais si ce sont des catholiques qui tombent sous les balles, sans provocation aucune, martyrs de leurs croyances et de la liberté, on couvre leurs cadavres du voile pesant du silence ; si parfois on en soulève un pan, c’est pour salir les dépouilles des victimes : La « Dernière Heure » a très bien fait cela.

 

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Tandis qu’en d’autres circonstances, quels minutieux soucis du droit des gens !

M. Max [ndlr : Adolphe Max, 1869-1939, bourgmestre libéral de Bruxelles] a-t-il la témérité d’interdire, sur le territoire de Bruxelles, la présentation d’un film bolchéviste, le « Peuple » trouve aussitôt une occasion inespérée de partir à la bataille ! Il aime jouer au vibrant défenseur de la liberté chérie, oui : quand cela peut servir ses intérêts électoraux et envenimer la lutte des classes.

Lui, qui se proclame avec tant de plaisir, internationaliste, se soucie très peu des malheureux qui ne sont pas rangés, quatre par quatre, derrière le drapeau rouge. Quand l’avons-nous vu flétrir la Constitution mexicaine ? Quand ? Au Sénat, lors de l’interpellation du R.P. Rutten [ndlr : Jean Rutten, 1875-1952, sénateur coopté catholique, qui se préoccupa tout particulièrement du sort des familles ouvrières], les forts ténors socialistes entrecoupaient de boutades et de glapissements saugrenus le discours très modéré de l’éloquent dominicain. Depuis, on les a – avec quelle lenteur ! – amenés à un meeting où ils ont dû reconnaître bien des choses. Mais nous attendons toujours les protestations solennelles !

 

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1. Poteaux + 1. Arbre.jpg

Ils savent bien cependant que la fameuse Constitution de 1917 écrase là-bas la liberté de l’enseignement, la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté de profession, la liberté des cultes, la liberté de conscience et de pensée.

Faut-il des textes ? En voici d’éloquents, résumés par le R.P. Bessières [ndlr : Albert Bessières, 1877-1953, auteur de Le Mexique martyr, Paris, Bonne Presse, 1926, 165 pages] :

Art. 3. – L’enseignement officiel à tous ses degrés, ainsi que l’enseignement primaire privé seront neutres.

Aucune corporation religieuse, aucun ministre du culte ne pourront fonder ou diriger des écoles primaires.

Art. 5. – Les Ordres monastiques sont interdits, quels que soient leur objet et leur dénomination.

Art. 24. – Les exercices du culte ne peuvent se célébrer que dans les églises, et celles-ci sont, en tout, soumises à la surveillance officielle.

Art. 27. – L’Eglise ne peut acquérir, posséder ou administrer nul immeuble, ni par elle-même, ni par personne interposée. Ceux qu’elle possède actuellement : églises, évêchés, presbytères, séminaires, asiles, collèges, couvents… sont confisqués et nationalisés.

La simple présomption, la délation à la laquelle tous les citoyens sont conviés suffisent pour que l’on considère comme propriété d’Eglise tel ou tel bien.

Art. 130 – Les ministres du culte sont considérés comme exerçant une profession individuelle, sans aucun lien avec aucune espèce de hiérarchie.

Ils ne pourront, en aucune réunion, ni publique, ni privée, critiquer les lois ou les gouvernants, sous peine d’amende et de prison.

Ils n’auront droit de vote ni actif, ni passif. Etc…, etc…

 

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On a tant parlé des droits de minorités. Celui qui s’en était fait le champion, d’ailleurs, était Wilson [ndlr : Woodrow Wilson, 1856-1924, président des Etats-Unis, protégea le Mexique d’Alvaro Obregon malgré sa tyrannie anticatholique, car principal fournisseur de son pétrole] le chef du pays où l’on accable de vexations les Nègres, les Jaunes, voire même les Européens.

Wilson faisait de beaux discours. Ce qui l’empêchait de soutenir ouvertement les quelques aventuriers qui briguaient le pouvoir au Mexique. Il voulait obtenir d’eux le pétrole que convoitaient ses concitoyens et pour cela commit les pires injustices au profit des révolutionnaires : le sang d’innocentes victimes était si peu de chose à côté d’un succès financier !

Wilson a pu favoriser la révolution mexicaine : Calles [ndlr : Elias Calles, 1877-1945, successeur d’Obregon à la tête du Mexique], ses prédécesseurs et ses successeurs, abattre par centaines les croyants : nul internationaliste n’a bronché ; d’un bout à l’autre du monde, tous les tribuns à cœur extensible ont replié leur accordéon.

C’est si gentil de s’occuper des « menus plaisirs » des travailleurs. Mais cela devient odieux quand on sait que vous restez insensible à l’écrasement et aux cris de détresse d’un peuple profondément chrétien qu’on torture à cause de sa Foi.

 

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Car nous disions minorité. C’est plus fort que cela.

La brute qui a lancé la persécution, Calles, un métèque enrichi, potpourri ambulant de nationalisme, de communisme, de caporalisme et surtout d’arrivisme, n’a ravi le pouvoir que sous la protection des mitrailleuses et des baïonnettes. Ses électeurs peu nombreux (50.000) étaient des pions. L’immense majorité du peuple a dû gémir et plier sous son poing de fer. En 1926, plus de deux millions de Mexicains en âge de voter, c’est-à-dire la majorité absolue, réclamèrent par une pétition solennelle le respect de la liberté. Calles a passé outre. Il a reçu les félicitations des Loges mais pas un blâme ni un mot de mépris de ceux-là qui se proclament – pour être élus – les défenseurs des opprimés.

 

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Depuis lors, la constitution a été dépassée.

Elle, au moins, ne permettait pas de tuer. Calles l’a complétées bien vite. Des centaines de martyrs se sont balancés en grappes, comme des régimes de bananes, sous les gros arbres de grands’routes et aux poteaux des lignes téléphoniques. On les exécutait par paquets, sans qu’il fût laissé le moindre droit à la défense, pour le bon plaisir des tortionnaires gouvernementaux.

Des faits ? Des faits, nous en donnerons à la douzaine. Ils feront frémir l’âme des braves gens mais – nous en sommes convaincus – ils laisseront insensibles ceux qui se réservent théâtralement l’exclusivité des sentiments humains.

 

Léon DEGRELLE.

 

 

Le XXe Siècle, 27 octobre 1928.

 

Comment on assassine au temps de Locarno

 

Les colombes de Locarno ont transporté de capitale en capitale et d’un continent à l’autre les rameaux de l’olivier planté par M.M. Briand et Stresemann [ndlr : Aristide Briand, 1862-1932, président du Conseil des ministres français, et Gustav Stresemann, 1878-1929, chancelier de la république de Weimar, artisans des accords de Locarno (16 octobre 1925) censés permettre un rapprochement entre l’Allemagne et ses vainqueurs]. Le porte-plume d’or de M. Kellogg [ndlr : Frank Kellogg, 1856-1937, secrétaire d’Etat américain, signe, le 27 août 1928, avec Aristide Briand le Pacte de Paris (« Pacte Briand-Kellog ») censé empêcher « le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux »] a enregistré le décès du dieu Mars.

Le concert pacifiste ne parvient pas cependant à étouffer la plainte immense et fière des centaines de jeunes gens, de prêtres, de vieillards qui, par-delà les mers, sont traînés à la mort et réclament la pitié du monde.

 

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La crise agraire, sociale et ethnique qui ronge le Mexique depuis longtemps eût pu, dans une certaine mesure, excuser une certaine fermeté de la part des détenteurs illégitimes du pouvoir.

Mais là n’est point la cause de la fureur des bourreaux. Car le Mexique doit à l’Eglise catholique les plus nobles efforts tentés en vue de relever les Indiens (plus de 90 p.c. de la population) de leur déchéance. Contre ceux qui les exploitaient elle lança des malédictions indignées. Mieux que tous les nationalistes, elle avait résolu, au Mexique, la question des langues et des races, enseignant aux Indiens dans leur parler local, traduisant pour eux la Bible, les catéchismes et les livres scientifiques, les formant dans des collèges où leur vieille civilisation pouvait librement s’épanouir.

L’Eglise a brisé les liens des esclaves à Rome. Elle a dégrossi les peuples européens, défrichant les terres, initiant les esprits au clair génie latin. Passant les Océans, elle a servi le monde ; de la brousse congolaise aux glaces du Nord, les chapelles des missionnaires sont les laboratoires intellectuels et sociaux de l’humanité.

Si le Mexique a pu connaître une certaine émancipation de la race indienne, c’est à l’Eglise catholique qu’en revient le mérite et l’honneur.

 

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Était-ce parfait ? Mais non. Les illettrés abondaient. La propriété était aux mains de quelques milliers de despotes. Mais alors que les « libérateurs » à la Calles s’empressaient de s’enrichir, de se gaver, aux dépens du peuple, l’Eglise, elle, cherchait les remèdes au mal, discutait la question agraire, la question sociale, la question indienne, se préoccupait des indemnités pour les accidents du travail, des syndicats, des banques rurales, du repos le Dimanche.

Les bourreaux d’aujourd’hui peuvent-ils en dire autant ?

Eux, Mexicains sincères ?qui livrent aux étrangers, aux Américains cupides et sans scrupules, 51 pour 100 des pétroles de leur Patrie !

Eux, égalitaires ?qui se taillent de vastes « haciendas » : une seule des propriétés de Calles vaut à peu près 20 millions de frs !

Eux, des progressistes ?qui plongent leur pays dans un incroyable marasme économique, au point qu’à cette heure, les libéraux mexicains lancent, pour sauver leurs « pesos », un cri d’alarme et un appel à la paix !

La vraie raison de la tragédie n’est point là. Elle est dans le sectarisme intraitable des parvenus du gouvernement.

 

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Passe encore qu’on exécute les catholiques qui, en cas de légitime défense, se sont groupés pour résister, les armes à la main. Passe, bien que ces exécutions soient nettement contraires à la loi.

Mais on y va bien plus carrément. Il suffit pour rouler sur le sol d’avoir déplu aux autorités, soit en faisant de la propagande pour les œuvres catholiques, soit en célébrant la messe en maison privée. Le soupçon le plus léger parvient à motiver incarcérations et fusillades.

Alors, que de raffinements dans les tortures ! On les fouette. On les bafoue. On met leur chair à sang avant de les exécuter.

 

2. Sedano.jpgL’abbé Reyes fut suspendu au-dessus du sol et, pendant des heures, lardé par des soudards, de coups de sabres et de baïonnettes. Les moustiques, la poussière, infestaient ses plaies. Les soldats rigolaient à côté. Après trois jours et trois nuits d’une agonie épouvantable, on versa de la gazoline sur les pieds du malheureux. Bientôt, il fut une torche vivante. Il s’écroula. On l’oblige cependant à se traîner jusqu’au cimetière où se termina son supplice…

À un autre prêtre – on en a abattu 165 ! – « Don Sedano », on écorche la plante des pieds. On s’amuse à le faire avancer malgré ses blessures douloureuses. Quand il est à bout de force, on l’envoie se balancer, la corde au cou, à une branche d’un arbre. La branche cède. – Don Sedano s’écrase par terre. – On le hisse à nouveau : à nouveau le fardeau s’abat. Enfin, on trouve une branche qui résiste : la pauvre loque humaine qui remue faiblement reçoit alors la décharge des fusils. Pour achever le spectacle, le sanglant mannequin va servir de cible aux plus joyeux tireurs du détachement !

Les mutilations sont le régal suprême des bandes de Calles. Le Père Garcia, parce qu’il avait béni un mourant, eut la main qui absolvait tranchée à l’instant même. On compléta la fête en lui supprimant le nez, la langue, les oreilles et en lui crevant les yeux. Le cadavre fut jeté dans le talus du chemin.

 

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Des centaines de Mexicains sont morts dans ces conditions barbares. Aucune pitié pour ceux qu’on exécute : « Juan Tirado » – un ouvrier, messieurs les parlementaires socialistes ! – atteint de pneumonie, fut traîné au poteau, grelottant sous sa couverture, les joues creusées par la fièvre.

Pendant ce temps, l’inspecteur général de police « Robert Cruz » tient son cigare entre ses doigts, en jouissant de la représentation !

 

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2.Père Pro.jpgCela s’est fait. Cela se fait encore.

Au mois d’août passé, quatre prêtres ont à nouveau ensanglanté leur terre natale. Deux d’entre eux, « Corona Justino » et « Cruz Atilano », après avoir été passés par les armes, ont été ramenés, à dos d’âne, en pleine ville. Les soldats qui les avaient assassinés riaient comme des petits fous.

« Bonne chair » ! (buena carne) plaisantaient-ils ! C’était tellement macabre qu’un spectateur est tombé mort.

Les vieillards ne sont pas mieux traités. Eux pourtant, accablés par les années, ne sauraient être des mutins !

Ce mois-ci même, fut pendu un chanoine de la cathédrale de Zacatecas, « Don José Maria Huici », âgé de 78 ans ! son frère (63 ans) subit le même sort. Leur crime était d’avoir célébré la Sainte Messe dans une maison privée !

 

 

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J’ai trouvé mes premiers récits dans les dossiers impressionnants réunis par l’A.C.J.B. Les autres, je les tiens d’une source absolument certaine : j’ai eu le triste privilège de pouvoir rejoindre un des organisateurs de la résistance catholique au Mexique. Traqué par les Callistes, ce jeune chef, a pu, après des péripéties multiples et des heures d’angoisse, franchir la frontière des Etats-Unis et de là, gagner l’Europe.

Je ne puis, hélas, dévoiler son nom. Car je craindrais de lui causer des ennuis dans le pays où il réside. Et aussi parce que sur la table en bois blanc de sa mansarde d’exilé, il y a la photo de sa jeune compagne, une femme avec des yeux très tristes. Il ne peut craindre assez pour elle car les vengeances sont terribles au pays où on assassine ceux qui aiment le Christ-Roi.

 

Léon DEGRELLE.

 

 

Le XXe Siècle, 28 octobre 1928.

 

Comment on meurt pour le Christ-Roi

 

3. Tirado+5.Coup de grâce.jpg

 

C’est aujourd’hui la fête du Christ-Roi : fête sanglante au Mexique, où des centaines de jeunes gens qui aimaient ardemment la vie, sont tombés pour Son Règne et pour Sa Gloire.

L’exilé près de qui je travaille me montre sur des photos – seuls souvenirs qui lui soient restés de son pays –, l’un après l’autre, les martyrs… Voici quelques mois, ces hommes-là vivaient sous le grand soleil, riaient, chantaient, étaient heureux… Aujourd’hui, leurs corps mutilés gisent aux quatre coins du Mexique.

Dieu sait pourtant ce qu’il est pénible de mourir, quand on commence à peine à jouir de la jeunesse, du printemps, de l’éclat des couleurs, des illusions tenaces…

Tous cependant sont allés à la mort avec sérénité, mieux même : avec joie.

On avait beau les rouer de coups, les flageller cruellement. On leur cassait les dents à coups de révolver. Parfois on les suspendait par les pouces. Dans les prisons sordides, ils entrelaçaient les Ave Maria et les morceaux de guitare : la musique et la Foi… Devant les fusils, ils priaient à voix haute et pardonnaient aux meurtriers.

Pas une lâcheté. Pas la moindre faiblesse.

Non. Ils vont d’un pas assuré. Ils regardent carrément le peloton. La main dans la poche, la poitrine tendue, ils attendent. Un sourire. Une légère crispation parfois. Mais toujours, au moment de la décharge, le cri cent fois lancé dans le fracas de la fusillade : « Viva Cristo Rey ! » Vive le Christ-Roi !

 

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Il y eut même des enfants parmi les martyrs.

Sur eux surtout, s’appesantit la rage de bourreaux. Savez-vous quel âge avait un de ces bambins, le petit « Rios » ? Treize ans. Si ce n’est pas ignoble !

Le pauvre gosse pleurait au moment terrible. Un de ses compagnons s’approcha et le consola tendrement en lui parlant du Paradis : on lui arrache aussitôt la langue ! Le sang coulait lourdement le long des lèvres. Alors, il montra de la main le ciel et ne cessa de sourire près du petiot, jusqu’à la dernière minute.

Un autre garçonnet, « Thomas de la Mora », 16 ans, accusé d’avoir donné des leçons de catéchisme et d’avoir des relations avec des parents rebelles, fut arrêté pendant qu’il jouait. Il reçut force bourrades. Son corps fut strié par les fouets. Rien ne vint à bout de sa fermeté. On lui passa une corde au cou ; sans broncher, il lança à la face des janissaires : « Vous luttez contre Dieu, mais vous ne vaincrez pas Dieu. C’est le Christ qui triomphera ! »

Lui aussi, comme tant d’autres, se balança dans le feuillage, au-dessus d’un chemin, mais tout près du cœur de Dieu.

 

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Ce renoncement devant la mort, cette fierté de tomber pour le Christ, cette espérance en Sa miséricorde, émerveillent tous les catholiques.

Mais, lassé par tant d’actes barbares, à la fin, on serre les poings et on s’écrie : « Après tout, nous ne sommes pas des moutons ! Pourquoi se laisser égorger de la sorte ? Plutôt employer un bon fusil, sauver sa peau et la liberté de son peuple ! 95 p.c. des Mexicains se déclarent catholiques : il est presque incroyable alors qu’ils se laissent massacrer par centaines, sans résistance ! »

Qu’on soit si nombreux qu’on le veuille, si l’on n’est pas organisé et si l’on a devant soi quelques milliers d’ennemis qui se tiennent, on risque fort d’être mis en marmelade. Nous l’avons vu en France. Nous le voyons au Mexique à présent.

Avant la tourmente, chacun dormait sur ses deux oreilles. Pas de groupements solides. Pas de plan de travail net et profond. Au contraire, des querelles mesquines, comme les catholiques ont le talent d’en susciter entre eux, on se chamaille, au lieu de faire converger tous les cœurs vers le Crucifix – nous aussi en savons quelque chose.

Quand on dort ou qu’on se dispute, plus on est et moins bien ça va. Calles, avec sa séquelle sauvage, eut tôt fait de jeter la panique dans les rangs confus d’une armée aussi savamment préparée à la défaite.

 

3. Monument Christ-Roi.jpg

 

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A cette heure, les souffrances communes et le sang des martyrs ont rapproché les Mexicains.

Voulons-nous attendre, nous, les Belges, pareilles épreuves, pour cesser de nous tirer dans le dos, de nous débiner l’un l’autre –au grand bonheur de nos ennemis–, d’aller à la bataille par bandes désorganisées, sans plan commun, sans chef unique ?

Nous nous gargarisons de discours et nous croyons que l’union se fait avec des mots ! Vaste blague !

Nous aurons les ouvriers catholiques dans nos rangs quand ils sauront que nous travaillons, par charité et par justice, à supprimer les abus, à améliorer leur condition.

 

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* *

 

Les Flamands seront tout à fait nôtres quand ils verront que leurs revendications font l’objet de notre attention vigilante et intelligente.

Et surtout, nous formerons tous un bloc au jour où nous aurons retrouvé le sens catholique : c’est l’amour de Dieu, c’est le travail pour Son Règne qui doivent fédérer nos groupements hétéroclites et unifier nos efforts dispersés.

Le courage catholique ne consiste pas seulement à mourir pour Dieu, mais également à lutter pour Lui.

La charité ordonne de défendre ses frères injustement persécutés.

 

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Jadis, nos pères sont courus au Piémont et aux murs de Rome pour protéger le domaine pontifical. Au Mexique, cette fois, la liberté de conscience est plus qu’indirectement menacée : elle est écrasée, elle est aplatie, elle n’existe plus.

Cela donne droit à nos frères de se dresser, le fusil dans les doigts, face aux persécuteurs.

D’ailleurs, la résistance par les armes est le tout dernier moyen mis en œuvre là-bas. Toute une tactique de combat, pacifique mais efficace, a été déployée. Un boycottage en règle fait dérailler toute l’activité économique du pays. Nous verrons demain comment les Mexicains s’y prennent pour lasser les tyrans. Cette expérience en vaut la peine.

 

Léon DEGRELLE.

 

 

Le XXe Siècle, 16 novembre 1928.

 

La persécution mexicaine

Pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ?

 

Les ignominies dont sont l’objet tous ceux qui ont le malheur de tomber dans les filets de la police mexicaine auraient dû faire lâcher pied aux catholiques.

Quand on voit des centaines de pendus sur sa route, quand on sait qu’on égorge les bambins, qu’on mutile les vieillards, qu’on viole les jeunes filles avant de les mettre en pièces, on pourrait, si l’on était craintif, verrouiller soigneusement sa porte et attendre que fût tari le flot sanglant de la Révolution.

Ah, bien oui ! Les catholiques se moquent pas mal de la mort. Après tout, c’est pour elle qu’ils vivent.

Non seulement les Mexicains ne reculent point devant les balles et le gibet mais ils bravent les persécutions ; ils se proclament chrétiens ; à leur boutonnière, ils portent la croix ; écoutez cet appel lapidaire :

« Aux hommes qui ne sont pas des lâches, aux femmes qui ne craignent pas les bombes, la prison ni le martyre, nous demandons de manifester leur amour au Christ et de protester contre les attentats à notre Religion en portant un insigne religieux ».

On les tue. Bien. Avant de mourir, le chef du groupe dit à ses compagnons : « Découvrez-vous, nous allons comparaître devant Dieu ! » Et en route pour l’Eternité !

4. Abbé Vera.jpg

 

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Pourtant c’est pénible parfois. Ils ont une vieille maman. Ils ont une épouse, une fiancée. Leur cœur est déchiré. Et ils écrivent comme Manuel Bonilla :

« Chère petite maman. Je te dis adieu pour la dernière fois. Dieu l’a ainsi voulu. Je sais que ton cœur va souffrir et se briser à lire ceci, mais que veut-tu, “madrecila” ! Le sort de chacun doit s’accomplir. Je t’ai quittée avec l’assurance de revenir pour prendre soin de ta vieillesse. Dieu ne l’a pas permis ; il m’arrache à ton amour. Ma douce petite mère, je ne te verrai plus. Tu n’entendras plus ton fils te demander à manger, ni te taquiner à force de badinages, tu n’entendras plus mes exclamations. Dieu m’arrache de toi pour toujours. Prie pour moi, maman bien-aimée ; prie pour ton pauvre petit qui meurt en pensant à toi ».

Les mamans sont encore plus héroïques que les grands garçons qui succombent pour le Christ.

L’une d’entre elles, la mère de Joaquin Silva, s’évanouit en apprenant l’exécution de son fils. Elle fut transpercée par la douleur. Mais bientôt sa main écarta le long voile de deuil pour écrire ces lignes qui dépassent en beauté le stoïcisme altier des vieilles romaines : « J’ai dit à Notre-Seigneur qu’il peut me prendre non seulement Joaquinito, mais Ignacio et mes six fils. Ils ne sont pas à moi, ils Lui appartiennent ».

Et voici les termes dans lesquels des parents firent part du décès d’un martyr :

 

VIVA CRISTO REY !

Monsieur Florentino Alvarez, né à Léon (Guanajuato), est mort en confessant Jésus-Christ, à l’âge de trente-sept ans, le 10 août 1927.

Sa mère, son épouse, ses parents et ses amis vous communiquent avec joie cette nouvelle, afin que vous priiez pour le triomphe de la Religion au Mexique, par l’intercession de l’âme de Florentino ».

 

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Les funérailles sont des marches de triomphe.

La foule se presse près des cercueils et les couvre de roses. Les mamans arrêtent les marmots, en leur chuchotant à l’oreille : « Regarde bien, ce sont des martyrs. Je t’ai amené ici pour que tu n’oublies jamais et que lorsque tu seras grand, tu saches, toi aussi, donner ton sang pour le Christ ».

Des ouvriers portent des couronnes. D’autres lancent l’invocation nationale : « Daignez, Seigneur, humilier et confondre les ennemis de la Sainte Eglise ».

Lors de l’inhumation du P. Pro et de son frère, des manifestations inoubliables firent éclater la Foi et l’espérance du peuple persécuté. Un cortège interminable, comprenant plus de 20.000 personnes et de 500 autos, suivait les dépouilles. Tout le long du parcours, la foule s’agenouillait. Pas un soudard de Calles n’eût osé passer son nez à la fenêtre ! On ne pleurait pas ; on chantait des hymnes glorieux et on clamait en chœur : « Viva Cristo Rey » !

Cinquante mille personnes se pressaient au cimetière. Et lorsque les deux bières eurent été descendues, le vieux papa des deux victimes entonna, la voix cassée par les sanglots,… le « Te Deum ». L’assistance qui occupait la colline entière reprit avec lui le chant vibrant des jours de fête !

Ce magnifique mépris de la mort est, au fond, pour nous catholiques, chose absolument naturelle.

 

4. Levée corps P. Pro.jpg

Notre amour de Dieu aspire à de pareilles immolations.

Nous n’avons à lui offrir, en nos temps de médiocrité, que des lambeaux de nous-mêmes. Aussi envions-nous ceux-là qui, d’un bloc, peuvent Lui sacrifier leur jeunesse, leur vie, leur tendresse, leur cœur.

Mourir dans des conditions misérables ne doit point nous effrayer.

La sainteté est faite d’humiliation et d’amour. Saint François d’Assise, ce saint Séraphique qui parlait aux oiseaux du Bon Dieu aussi bien qu’aux hommes, n’imposait-il pas à ses petits frères préférés des obligations presque grotesques au point de faire tourner en rond, en pleine rue, un de ses compagnons de route ! Le brave homme galopait, à perdre la tête, comme un bidet de foire, sans se soucier du ridicule : en obéissant, il servait Dieu, cela lui suffisait.

Dans les monastères – si souvent méprisés par des gens qui ignorent tout des renoncements douloureux qu’ils abritent – c’est très humblement qu’on gagne son Paradis. J’ai vu à Orval un capitaine des dragons français, un vrai colosse, qui tripatouillait des fromages ! C’était un vrai poème de simplicité évangélique ! ça sentait le Paradis plein la cave !

Faire des fromages pour Dieu, trotter pour lui sur le chemin, ou être pour lui criblé de coups d’épée, cela nous est égal : le seul point qui nous intéresse est d’aimer Dieu le mieux possible : n’importe comment.

 

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On nous appellera des fanatiques. C’est vrai.

Nous méprisons la vie. Ce qui nous plaît, c’est ce qui est au bout. Les rues et les trottoirs ne sont faits qu’en vue d’entrer dans les maisons ! C’est peut-être dur de pousser les battants de la porte ; mais une fois passé le seuil, nous sommes certains d’être heureux.

Si nous pleurons en écoutant les récits des Mexicaines, pourtant nous relevons la tête et, avec un éclair dans les yeux, nous nous écrions : Ah ! les veinards !

 

Léon DEGRELLE.

 

 

Le XXe Siècle, 27 janvier 1929.

 

Quand les catholiques s’en mêlent !

 

Nous faisons la vie trop belle au Mal.

Nous nous figurons qu’il suffit, pour avoir la conscience en paix, de soutenir les institutions catholiques. D’ailleurs, nous le faisons très chichement. Il est grand temps de péréquater nos aumônes et de ne plus nous contenter d’allonger cinq centimes, plus ou moins démonétisés, à la grand’messe du dimanche.

Les socialistes savent être généreux : les grévistes de Herstal ont été princièrement arrosés par les syndicats rouges du pays : sachons, comme eux, ouvrir quand il le faut, nos porte-monnaie.

Mais même si nous y allions largement, il resterait encore autre chose à faire. C’est de refuser tout secours aux organismes qui nous combattent.

Nous nous diminuons tous les jours en encourageant nos ennemis.

Nous achetons une foule de journaux sectaires. Un seul fait : chaque lundi, bon nombre de jeunes catholiques, pour trouver des informations sportives, bien inutiles d’ailleurs, versent trente centimes au plus répugnant torchon qui soit chez nous : La Dernière Heure. Il vaudrait mieux encore se priver de comptes rendus de matches de football que d’engraisser d’aussi nauséabonds mercantis ! De grâce, laissez seuls se vautrer dans un bourbier aussi douteux, les vieux messieurs malpropres et les petits polissons inquiets.

 

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De même pour les libraires.

Boycottons carrément les marchands de malpropretés. Ces gens ne désirent qu’une chose : gagner de l’argent. Le jour où ils verront leurs clients les plaquer, ils nettoieront leurs étalages.

Et les cinémas ?

Nous nous enfournons dans des salles surchauffées pour assister souvent à un déballage de lubricité. Il y a là des jeunes filles qui attrapent des paquets de boue : ça ne s’enlève pas toujours.

Les patrons présentent de la crasse parce qu’on court s’en rassasier. Arrêtons-nous net, au seuil des cinémas indignes. Et là aussi, les programmes auront vite changé : on sert ce que le client demande.

Il n’est pas nécessaire pour réaliser une œuvre d’art de faire un film pour gâteux. Soyons intransigeants et nos convictions seront respectées !

 

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Descendons d’un étage.

Il faut vivre, acheter du pain, des vêtements. Où allons-nous ? N’importe où, même à la Coopérative socialiste si c’est un peu meilleur marché. Je connais un petit patelin d’Ardenne, pas rouge du tout, où plus de 200 personnes font leurs achats à la Maison du Peuple : la majorité de la clientèle est catholique !

Nous ne réfléchissons pas. Ces quelques sous, multipliés chaque jour quelques centaines de milliers de fois, vont alimenter les caisses des révolutionnaires ; nous leur permettons d’envoyer gratuitement leurs journaux dans d’innombrables ménages ouvriers, nous payons les bâtons des gardes rouges et, qui sait, peut-être les balles d’émeutes de demain !

Nous les aidons à nous écraser. Dites, les petits artisans qui vous alimentez à leur « Copé », avez-vous déjà fait l’addition des impôts que vous ont valu les socialistes ? De combien cela ne dépasse-t-il pas les quelques sous que vous avez gagné en vous adressant aux magasins qui sont à la base de leur puissance financière ?

Pas de compromissions ! Groupons-nous autour des maisons catholiques. S’il manque des coopératives, des librairies, des cinémas, créons-en. Il nous faut de l’argent pour être les maîtres partout. Aimons la pauvreté mais ne méprisons pas la richesse mise au service de l’apostolat.

 

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Les Mexicains, quand ils ont eu du sang jusqu’aux genoux, se sont enfin décidés à agir.

L’Etat les persécutait : ils allaient couper les vivres à l’Etat.

C’est maintenant un boycottage en règle. La proclamation lancée à travers tout le Mexique est un vrai chef-d’œuvre de fermeté et de bon sens :

1. – Dès le 31 juillet, tous les catholiques s’abstiendront des promenades, amusements, cinémas, théâtres, bals et de toute espèce de divertissements publics et privés. Maudit soit le catholique qui, lorsque Dieu est absent de notre patrie, ose encore s’amuser !

2. – Dès le 31 juillet, les catholiques s’abstiendront d’acheter des vêtements, friandises, fruits et autres objets de consommation. En fait de produits alimentaires, on ne se procurera que le nécessaire pour chaque jour ; en fait de vêtements, le strict indispensable (ni dépenses superflues, ni achats anticipés : ce serait s’opposer au boycottage).

3. – Les catholiques s’abstiendront dès le 31 juillet de faire usage des tramways, autobus et autres véhicules ; ils renonceront aux voyages, sauf urgence absolue et quitte à employer alors les moyens les moins coûteux.

4. – Abstention totale de l’achat des billets de loterie et de la fréquentation des écoles laïques.

5. – Abstention totale de l’achat des [journaux] qui s’opposent à ce programme ou ne lui prêtent pas leur appui, et de leur fournir des annonces.

6. – Dès le 31 juillet, les catholiques enseigneront le catéchisme dans leur propre foyer, ils prieront en famille pour la liberté de l’Eglise, ils achèteront les journaux catholiques, organiseront des centres de catéchisme et assisteront, si toutefois les églises restent ouvertes, au plus grand nombre possible de services religieux.

7. – Tous les catholiques, sans exception, se feront les fervents propagandistes de ce programme, chez eux, dans les ateliers, les fabriques, les établissements commerciaux, afin de réaliser le concours de tous jusqu’à ce que soit obtenue la victoire.

 

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Rien n’est négligé pour l’arracher. Bon gré, mal gré, Calles et sa clique, serrés à la gorge, devront demander grâce. Les revenus de l’Etat ont diminué de 50 pour 100. Les affaires dégringolent. La machine économique va capoter. Les bourgeois anticléricaux, les premiers grognent sourdement ; demain, ils crieront « Vive la Calotte » si c’est utile à leurs coffres-forts.

Calles dû recourir, pour trouver de l’argent, à un procédé misérable : emprisonner les catholiques et les acculer à ce dilemme : une rançon ou la mort. Mais les catholiques suivent leur programme jusqu’au bout, jusqu’au gibet !

 

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Au boycottage, ils ont joint la force armée. Pour défendre leurs villages terrorisés, pour protéger la vie de leurs parents, de leurs enfants, les catholiques mexicains se sont rassemblés dans les montagnes. Ils sont maintenant 50.000 en butte à des privations terribles, à peine nourris, couchant sur le sol, faisant des marches interminables ; aux heures de lassitude, ils baisent leur petite médaille de N.-D. de la Guadeloupe et, à l’heure du combat, ils font bravement le coup de feu.

 

5.P.Pro reçoit décharge.jpg

Bien entendu, le Gouvernement a essayé de les mâter : ils sont insaisissables !

Il a voulu se rattraper sur les civils qui faisaient campagne pour le boycottage : à un brave paysan, on sectionna le nez à ras des joues, avec une petite scie à main ; à un enfant, on brisa les deux bras ; quant aux jeunes filles, on les emprisonne avec les filles publiques ; on les viole honteusement dans les postes de police ; à une d’entre elles, après d’innommables traitements, on arracha les doigts l’un après l’autre, puis on lui scia par morceaux les bras ! Cinq dames furent accrochées aux arbres, en plein boulevard, à Colima !

On égorge, on brûle vif, on pend par douzaines : sur la route d’Ozumba , à 30 milles de Mexico, il y avait, en janvier 1927, 142 catholiques pendus aux poteaux télégraphiques !

Plus l’épreuve grandit, plus la fermeté catholique s’élève. Cela ne vous fait-il pas rougir cette incessante immolation pour le Règne de Dieu, alors que chez nous, c’est au compte-goutte que nous mesurons nos efforts ?

 

Léon DEGRELLE.

 

 

Quelques précisions

 

Seules les photos de l’article Comment on assassine au temps de Locarno, paru le 27 octobre 1928, ont été publiée dans Le XXe Siècle. Les photos des autres articles sont reprises de l’ouvrage Jusqu’au Sang… La Tragédie Mexicaine. Récits et Documents sur la Persécution, publié aux éditions de la Jeunesse Catholique de Louvain, en mai 1928, avec un avant-propos de Mgr Louis Picard.

Nous avons également mis ce chapitre en pages afin que le lecteur désireux de compléter son Cristeros, puisse le télécharger et l’imprimer de manière à constituer un livret pouvant s’insérer pratiquement dans son volume.

À imprimer de préférence sur papier de grammage léger.

Si vous souhaitez obtenir une brochure imprimée sur les deux faces du papier, n’imprimez pas recto-verso car les pages sortiront tête-bêche (les pages « verso » à l’envers par rapport aux pages « recto ») : idéalement, il faudrait tout imprimer sur une seule face et photocopier les pages « verso » sur les pages « recto » disposées correctement dans le réservoir de papier (mais plusieurs expériences seront sans doute nécessaires)…

 

Cristeros Chapitre I.pdf

 

Nous profitons de l’occasion de cet article pour corriger des références qui n’ont pas été systématiquement modifiées. Les notes de l’apparat critique suivaient manifestement une numérotation continue, modifiée dans la publication par une numérotation par page. Malheureusement, certains renvois à d’autres notes de bas de page n’ont pas été corrigés, ce qui rend difficile leur consultation.

 

Ainsi :

- page 35, note 2, le renvoi à la « note 57 », doit s’interpréter : « voir p. 57, note 3 » ;

- page 40, note 1, le renvoi à la « note 56 », doit s’interpréter : « voir p. 57, note 2 » ;

- page 45, note 3, le renvoi à la « note 53 », doit s’interpréter : « voir p. 50, note 1 » ;

- page 76, note 2, le renvoi à la « note 33 », doit s’interpréter : « voir p. 38, note 3 » ;

- page 83, note 2, le renvoi à la « note 71 », doit s’interpréter : « voir p. 65, note 3 ».

 

 

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